EXAMENS
TECHNIQUES & SCIENTIFIQUES
« C’est seulement en un deuxième temps, quand on arrive à l’intervention pratique de la restauration, qu’on a besoin aussi d’une connaissance scientifique de la matière dans sa constitution physique. Mais au préalable et surtout par rapport à la restauration, il faut définir ce qu’est la matière dans la mesure où elle représente simultanément le temps et le lieu de l’intervention. »
L’étude de l’état de conservation de l’œuvre est la première étape qui a pour but de mieux la comprendre dans sa totalité afin de choisir le traitement le plus convenable. Cette partie se consacre à étudier la nature de l’œuvre et ses matériaux constitutifs pour identifier son état de conservation actuel, son comportement et la nécessité d’un traitement spécifique selon un cahier de charges précis. Cette étude servira à définir un diagnostic pour chaque partie de la stratigraphie de l’œuvre afin de prendre le meilleur choix de conservation et de restauration en respectant les règles déontologiques.
Notre œil, le premier outil, nous permet d’avoir un certain nombre d’information visibles tels que les déchirures, les déformations du support, les lacunes, les soulèvements de la couche picturale, les repeints perceptibles à l’œil nu, etc. Ensuite, dans le but d’assurer où de modifier ces informations, et surtout pour découvrir ce qui n’est pas visible à l’œil nu, nous nous servons d’autres examens techniques et scientifiques tels que l’optique (lumière rasante, loupe binoculaire, microscopie), l’imagerie (infrarouge, ultraviolet, multi-spectrale, radiographie, tomographie), les analyses élémentaires, les analyses moléculaires et les analyses spéciation chimique.
La lumière rasante met en évidence les déformations du support ainsi que les soulèvements de la couche de peinture mais elle révèle aussi les structures originales de la matière ce qui aide à recréer les manques de matière picturale de la même manière lors de la réalisation de mastics.
La loupe binoculaire et le microscope permettent de grossir l’image et de voir en détail et en profondeur la superposition des couches constitutives de la stratigraphie du tableau. Par conséquent, le restaurateur est capable de détecter des fausses signatures et des interventions de restauration antérieures invisibles sous rayons ultraviolets et infrarouges. Ils permettent également d’observer des micro-tests et d’effectuer certaines opérations d’interventions minutieuses.
Les rayons ultraviolets dévoilent les restaurations antérieures. Un vernis de restauration ancien ainsi que les repeints apparaissent sous forme de tâches opaques.
Les rayons infrarouges permettent d’aller plus loin et de détecter les restaurations très anciennes qui n’ont pas pu être détecté sous rayons ultraviolets. Ce type d’imagerie dévoile les couches sous-jacentes du tableau tels que les dessins préparatoires et les modifications de la composition. Cependant, les infrarouges et les ultraviolets concernent uniquement les couches supérieures de la peinture.
La radiographie pénètre toutes les couches de l’œuvre et dévoile sa structure interne et son état exact de conservation. Un examen radiographique révèle les différentes étapes de construction de l’œuvre, la nature et la structure des supports, les repentirs sous-jacentes de l’artiste, des cachets au revers masqués par une toile de doublage et même une peinture entière cachée sous celle visible à l’œil nu.
Les analyses élémentaires permettent de déterminer la nature chimique de l’œuvre et de savoir quels pigments ont été utilisés par le peintre.